100 euros. C’est désormais la somme que doivent avancer tous ceux qui lancent une demande de formation via le Compte personnel de formation depuis le 1er mai 2024, sauf exceptions notifiées au compte-gouttes. Et en 2025, le couperet tombe pour les bilans de compétences : impossible de les financer via le CPF. À peine la mesure annoncée, des délais de traitement qui s’étirent, des files d’attente virtuelles qui s’allongent. Les acteurs du secteur tirent déjà la sonnette d’alarme, observant une montée des sollicitations à l’approche du changement de cap.
Face à ces nouvelles barrières, quelques aides régionales ou spécifiques continuent de survivre, mais l’accès reste réservé à ceux qui répondent à des critères précis, et mouvants. Les professionnels du conseil en formation sentent venir la vague : les demandes d’informations explosent, chacun cherchant à ne pas rater le coche avant le grand virage de 2025.
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Ce qui change pour le CPF en 2025 : panorama des nouvelles règles
La réforme CPF 2025 va bouleverser les anciens réflexes. Désormais, le financement est ciblé sur les formations certifiantes, avec des critères d’accès plus restrictifs : l’utilisation du compte personnel de formation sera sous étroite surveillance. Cette décision traduit une logique assumée : protéger les fonds publics et concentrer l’effort sur ceux jugés prioritaires.
Pour appréhender ce virage, il est nécessaire de bien cerner chaque changement apporté :
- Un reste à charge de 100 euros devient systématique pour toute inscription, à l’exception des demandeurs d’emploi et victimes d’accident du travail qui restent exonérés.
- Les bilans de compétences disparaîtront des formations éligibles CPF au 1er janvier.
- La sélection des formations financées cible avant tout les métiers en tension et certifications inscrites au RNCP.
Derrière cette refonte, la Caisse des Dépôts intensifie ses contrôles. Seuls les organismes capables de démontrer la solidité et la qualité de leur offre, et de prouver leur enregistrement au répertoire national des certifications professionnelles, pourront rester dans la course. Les sanctions tombent plus vite qu’avant : les montages douteux sont visés, les radiations ne traînent plus.
De leur côté, les dernières orientations du projet de loi de finances restreignent la possibilité des abondements complémentaires. Seuls les projets professionnels solides et pertinents au regard du marché du travail seront validés. Autrement dit, chaque bénéficiaire doit désormais présenter un vrai parcours pour obtenir un financement CPF. La logique ? Réserver les moyens à ceux qui avancent vers une qualification reconnue et répondent aux besoins actuels du marché.
Bilans de compétences : pourquoi seront-ils exclus du CPF ?
Cette mise à l’écart des bilans de compétences dans la liste des formations éligibles au CPF n’est pas un simple hasard administratif. L’enjeu, pour l’État, est de réorienter l’effort public vers l’acquisition de compétences certifiantes, et non sur l’évaluation ou la réflexion individuelle. L’objectif s’affiche clairement : flécher le financement vers des formations débouchant sur une qualification reconnue et proches des besoins des employeurs.
En réalité, un bilan de compétences ne délivre ni certification officielle ni diplôme du RNCP. Il s’agit avant tout d’un dispositif d’accompagnement à la réflexion, rarement à proprement parler d’une formation professionnelle. La décision politique suit son cours logique : le CPF ne couvrira plus cette prestation, considérée comme relevant de l’orientation plutôt que de l’apprentissage professionnalisant.
L’argument budgétaire se fait aussi sentir. En 2023, près de 100 000 bilans de compétences ont été financés par ce biais, une dépense qui monte vite sur le long terme. Dorénavant, la priorité ira aux formations certifiantes jugées plus efficaces pour favoriser l’employabilité des candidats.
En pratique, ce choix entraîne un nouveau casse-tête : les bilans de compétences, à compter de 2025, devront passer par d’autres circuits de financement que le compte personnel de formation. On tourne définitivement la page d’une ère où la réflexion sur sa carrière bénéficiait du même soutien qu’une formation qualifiante.
Quelles alternatives pour financer votre bilan de compétences après la réforme ?
La suppression du financement CPF pour les bilans de compétences ne signe pas leur disparition. D’autres possibilités sont à envisager pour ceux qui souhaitent prendre du recul sur leur carrière, ou s’orienter différemment. Les opérateurs de compétences (OPCO) peuvent parfois intervenir, selon les branches professionnelles et les accords collectifs en vigueur. Il est judicieux de vérifier régulièrement ce que prévoit son secteur, car les modalités varient d’une activité à l’autre.
Les demandeurs d’emploi ne sont pas non plus totalement démunis : selon leur situation, Pôle emploi peut accorder un abondement individuel ou financer un bilan, à condition de justifier son projet. Les conseillers savent généralement orienter vers les solutions existantes.
La dotation employeur reste aussi un levier à explorer. Quelques entreprises préfèrent investir dans l’accompagnement de leurs salariés à travers la gestion prévisionnelle des compétences, sans passer par le CPF. Un échange direct avec la direction ou le service RH suffit parfois à débloquer un financement, partiel, voire total, pour ce type d’accompagnement.
Autre piste à surveiller : certaines régions et collectivités locales proposent des dispositifs spécifiques. Parfois sous forme d’appels à projets, parfois d’aides directes, ces initiatives locales restent fluctuantes et méritent quelques vérifications régulières sur les sites institutionnels.
Anticiper les évolutions : comment rester informé et profiter des aides disponibles
Les règles du CPF changent, les habitudes aussi. Les organismes de formation, sous la surveillance constante de la Caisse des Dépôts, révisent leur catalogue pour répondre aux nouvelles exigences du répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Il devient impératif de garder un œil sur l’actualité et de vérifier régulièrement les conditions d’accès aux financements.
Pour ne rien rater et orienter ses choix, quelques bonnes pratiques font la différence :
- Surveiller régulièrement les listes de formations éligibles mises à jour sur les sites officiels du secteur.
- Consulter le RNCP pour s’assurer qu’une formation ou une certification correspond aux critères en vigueur.
- Dialoguer avec les organismes de formation référencés, qui disposent d’une veille permanente sur les évolutions règlementaires et les financements possibles.
Impossible de négliger la multiplication des contrôles : la Caisse des Dépôts ne tolère plus les irrégularités et accélère les radiations en cas de manquement. Pour chaque apprenant et chaque établissement, rester informé et réactif permet d’éviter les mauvaises surprises sur son parcours de formation.
Au bout du compte, la nouvelle version du CPF écarte les hésitants mais sert d’accélérateur à ceux qui scrutent les opportunités, préparent leur dossier avec soin et osent adapter leur trajectoire à la lumière des dernières réformes. Les règles se durcissent, mais ils sauront avancer dans le labyrinthe, là où d’autres resteront à la porte.


